Traitant du travail de l’entrée dans le langage chez l’enfant du premier âge, et de certains vestiges mnésiques de cette temporalité précoce qui peuvent se révéler dans la cure analytique et dans le transfert, l’auteure s’attarde sur le langage archaïque du signe, la part obscure de mots qui se situent entre l’agir et la parole (Donnet), et sur des traces informes dans le discours du patient (Winnicott, Press). La vie des mots dans l’écoute de l’analyste sera évoquée en conclusion. Trois exemples cliniques servent d’illustration.

Le développement de la pratique analytique a mis en évidence la présence de nouveaux enjeux cliniques, en particulier la problématique de l’expérience subjective des formations psychiques. Dès lors, ont vu le jour de nouveaux modèles métapsychologiques portant sur la genèse et les destins des structures sous-jacentes au langage dans la cure, soit la représentation et l’affect. Ces nouveaux modèles ont modifié notre conception de la cure de parole. Dans ce nouveau cadre métapsychologique est apparue la nécessité d’un infléchissement des principaux paramètres de la méthode analytique.

L’auteur défend l’idée que le sens n’est pas donné d’emblée, mais qu’il advient dans la cure à partir d’une ouverture sur l’informe (Winnicott), « antinotion » pour lui essentielle, et grâce à la capacité du couple analytique de laisser l’espace nécessaire à son déploiement et à sa transformation. Il insiste sur l’importance des ratés de communication entre analysant et analyste, ratés qui suscitent chez ce dernier ce qu’il nomme à la suite de de M’Uzan un « dérangement », prélude nécessaire au changement. Il souligne combien il importe que l’analyste soit prêt à vivre ce dérangement en lui-même pour qu’il puisse éventuellement advenir chez l’analysant. À l’aide d’une vignette issue d’une supervision, l’auteur illustre ce processus, dont il met en évidence la dimension corporelle, qui prend souvent une première forme psychique à travers des signifiants formels (« ça bouge », « ça change », etc.). Il insiste enfin sur l’importance que revêt la capacité de l’analyste à « s’indifférencier » de son patient, cette indifférenciation seule permettant à certains moments cruciaux de saisir les enjeux et les visées d’une contrainte de répétition et/ou de modalités de défense à première vue mutilantes.

Dans la séance, la parole se déploie selon deux allures différentes, la parole associative et la parole compulsive, plus proche de l’agir. Chacune propose une voie d’accès à l’inconscient. La première par le recours à la représentation et l’affect, la seconde par l’agir et sa perlaboration. Toutefois le recours à la répétition dans la parole compulsive peut résulter d’un effet séducteur de l’associativité de l’analyste.

Dans cet article qui introduit la problématique théorique et clinique dont témoignera cette monographie, l’auteur présente un résumé des quatre principales étapes qui, depuis Freud, ont constitué une systématisation de l’élaboration métapsychologique sur l’accès au langage chez le jeune enfant. L’article insiste sur le rapport entre travail de figuration et impasses, blancs et clivages, dans les processus de symbolisation. Il met également l’accent sur l’importance centrale qui est désormais accordée au travail du contre-transfert et aux mouvements internes du préconscient chez l’analyste, en particulier dans l’écoute de patients aux prises avec des failles dans l’accès à la représentation. Un exemple clinique servira d’illustration.

La pratique préventive de la Maison buissonnière, qui reçoit à Montréal depuis une trentaine d’années des bébés et des enfants d’âge pré-œdipien accom- pagnés de leurs proches, se situe toujours hors des sentiers battus, autant des pratiques psychanalytiques courantes que des pratiques socio-éducatives préva- lentes au Québec. Adossé sur les enseignements de Françoise Dolto et sur les théo- ries du développement précoce, l’accueil de familles vise que le bébé ou le petit enfant puisse « dérouler sa question » et que le parent puisse l’entendre, afin que les malentendus entre lui et sa famille ne se nouent pas ultérieurement en symp- tômes. L’article décrit les principes qui soutiennent le travail des «accueillants», les illustre par des exemples tirés de la pratique au quotidien et présente quelques- unes de ses bases théoriques.