La pandémie a installé les objets technologiques dans nos vies, les rendant indispensables. Le pouvoir qu’ils nous confèrent crée une certaine hubris qui réveille en nous le sentiment de la toute-puissance infantile. À partir de là, l’auteur convoque deux auteurs qui développent deux positions complètement opposées sur le virtuel et ses vertus. Le premier parle de mutation anthropologique contemporaine et voit dans la cyberculture un processus d’hominisation qui éclaire le développement de l’histoire humaine. Le second voit dans la société de communication dans laquelle nous vivons une lourde menace qui pèse sur la parole vivante.
La psychanalyse ne se résume pas à son dispositif. Ce dernier incarne une théorie de l’inconscient – de la réalité psychique – et la méthode pour appréhender cette réalité, c’est-à-dire les manifestations de l’inconscient. Comment l’analyse à distance, la télépratique, modifie-t-elle ou non les possibilités d’appliquer la méthode ? Et qu’en est-il de la transmission de la psychanalyse et de sa méthode dans et à travers de nouveaux dispositifs ? Dans la supervision, les conditions de l’écoute de l’écoute en sont-elles changées vraiment ? La psychanalyse doit-elle aussi prendre en considération ce qui en est des effets de la cyberculture sur la civilisation ? Quoiqu’il en soit, en présence ou à distance, c’est le rapport particulier au désir d’analyser qui doit être constamment questionné, question qui est l’essence même de l’éthique de l’analyste.
La psychanalyse est experte dans la prise de conscience des conflits psychiques humains inconscients. Mais aujourd’hui le conflit décisif pour l’avenir de l’humanité, et donc pour la psychanalyse, se joue dans l’impensé de notre rapport à notre environnement. Nous savons que la pandémie du coronavirus est la première manifestation de la crise environnementale globalement perceptible par chacun, et nous savons que cette pandémie est favorisée par la perte de notre « tissu immunitaire » de biodiversité. Pourtant, nous nous révélons incapables d’abandonner l’illusion d’une croissance économique sans fin, c’est-à-dire incapables de renoncer à une destruction indéfinie de la biodiversité planétaire. Aux yeux de l’auteur, ce paradoxe constitue un symptôme psychique collectif qu’il explore par la clinique conflictuelle de deux réactions, psychotique et non psychotique, à l’impact des mesures de confinement-déconfinement sur le processus analytique.
Après avoir rappelé brièvement les principes théorico-cliniques de base associés à la notion de « cadre », l’auteur présente une illustration clinique originale qui montre, bouscule et rediscute avec acuité cette notion. Le clinicien est parfois confronté à des situations qui l’amènent à moduler les consignes et l’obligent à travailler dans un contexte « hors-cadre ». De nombreuses rencontres cliniques imposent la réalisation d’un bricolage continu au niveau du cadre. Nous sommes ainsi appelés à repenser constamment les conditions de ces rencontres cliniques uniques. Le cadre est appelé, de fait, à être réinventé dans un mouvement empreint de souplesse et de prudence. Il s’agit dès lors d’un véritable travail d’artisan, notamment en situation d’urgence ou de crise. La présente vignette clinique est un exemple de ces rencontres humaines qui nous poussent à dépasser la rigueur du dispositif clinique classique et à instaurer des dispositifs méta-contenants. Le méta-cadre doit alors assurer et garantir la présence d’une triple contenance : psychique, visuelle et sonore.
À partir d’une consultation de psychiatrie auprès de migrants nouvellement arrivés sur le sol français, l’auteure se penche sur la complexité de leur prise en charge, tant la clinique à laquelle elle est confrontée se trouve tenaillée par nombre de contradictions et ambiguïtés dans les modes de réponse institutionnelle qui ne sont elles-mêmes pas sans effet sur la symptomatologie.
L’identification au nouveau-né a le pouvoir d’actualiser d’anciens traumatismes vécus par ses parents. Agissant par défaut de symbolisation, ces zones muettes dans la transmission s’avèrent mortifères pour chacun. Cet article traite du pouvoir révélateur de la naissance sur ces pannes de l’histoire quand la présence du bébé réactualise les détresses enclavées et mobilise l’aide sous pression des manifestations inconscientes. Un récit clinique illustre comment, en dehors des projections fantasmatiques classiques, ces manifestations sont agies jusqu’à induire la répétition dans le thérapeute lui-même, recréant à son insu la détresse originaire. Pour explorer ces configurations transférentielles peu conventionnelles, l’auteure s’appuie notamment sur les travaux de Benedetti et la clinique des psychoses. Si le thérapeute supporte d’éprouver les zones de mort vécues dans l’expérience du bébé et de son parent, la rencontre clinique peut faire événement. Relançant la dynamique du temps et de la narrativité autour du bébé, elle permet de traiter des traces laissées en attente de sens dans le vécu parental. Portant sa réflexion en regard de l’actualité, l’auteure interroge l’impact de l’expérience du naître et du mourir en temps de pandémie sur les transmissions inconscientes et invite à une écoute prévenante du vécu des familles durant cette crise sanitaire historique.
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