La clinique d’un adolescent en grande souffrance du point de vue de la négociation du choix d’objet sexuel offre l’opportunité de revisiter la notion de fantasme de fustigation (Freud, 1919) et d’en discuter la pertinence. L’actualisation
de cette notion dans le champ clinique et social permettra d’éclairer les points de butée du processus adolescent, dans un contexte où l’« assignation à la pédophilie » vient semble-t-il oblitérer une possible élaboration du collapsus traumatique ouvert par le pubertaire. Le processus adolescent mobilise des mouvements qui contribuent à une déstabilisation des repères de l’adolescent, mais aussi des repères du psychothérapeute confronté à des configurations cliniques qui dérangent: ainsi en est-il de l’envahissement de la vie psychique par des fantasmes pédophiles, dont
la fonction paradoxalement maturative mérite d’être relevée. L’enjeu du repérage de ces problématiques singulières est central du point de vue de l’accompagnement psychothérapeutique des adolescents, dont les potentiels de réaménagements psychiques au temps de l’adolescence se trouvent tout particulièrement mis à mal. En effet, les modalités de déploiement du transfert se trouvent particulièrement affectées par la fantasmatique de séduction qui sous-tend le lien thérapeutique.

L’auteur met en scène le processus menant de la somatisation à la subjectivation par la transition de l’action symbolisante, soit « la main/voix douce et chaude de l’écoute [qui] accueille la douleur muette du langage somatique ». La brume de l’attente levée, le thérapeute a pu devenir la source de la douleur, l’agresseur, un côlon irritable, légitimant l’éruption de la colère de la patiente et aussi la source d’un réconfort en imaginant la présence de son thérapeute à son chevet.

La pandémie de COVID-19 a forcé la migration rapide des cliniciens et des patients du bureau de consultation physique vers le bureau virtuel. Si la télépratique existait bien avant la pandémie, son utilisation demeurait marginale et ses implications cliniques n’étaient que très peu discutées. Bien qu’un grand nombre de cliniciens offrent désormais de la psychothérapie à distance de manière courante, et ce, sans même que la situation ne l’exige, de nombreuses questions d’ordres pratique et théorique subsistent. Cet article propose donc une réflexion tirée d’observations issues de la pratique de la psychothérapie à distance et en personne. Nous discuterons plus particulièrement des caractéristiques du cadre thérapeutique et de différents dispositifs qui en découlent. Il sera également ques- tion du rôle structurant de la spatialité et de la temporalité, comprises comme conditions a priori de l’élaboration du discours en thérapie. La réflexion portera ensuite sur le rôle du corps dans la clinique, puis sur la nature de la représenta- tion psychique de soi, de l’autre et du discours. Nous terminerons en présentant divers éléments de discussion en lien avec les modèles corps-esprit et l’état actuel du champ socioculturel.

Depuis les dernières années, on observe une désertion progressive du réseau public québécois de la santé de la part des psychologues, causant une perte d’accessibilité à leurs services. Parallèlement, l’idée d’une soi-disant fonction symbolisante ou subjectivante de l’Institution est mise de l’avant dans le contexte du travail en clinique externe de psychiatrie auprès de patient·e·s en situation de précarité psychique. Cependant, cette fonction semble parfois attaquée par des logiques managériales, que nous décrirons comme perverses et narcissiques, qui mettent à mal l’espace de pensée et de créativité des clinicien·ne·s. Portés par ces idées, et en résonance avec les préoccupations actuelles quant à l’accessibilité aux services psychologiques, nous proposons une réflexion sur les enjeux de la pra- tique de la psychothérapie d’orientation psychanalytique au sein d’une institu- tion québécoise de soins de santé. Nous puisons dans notre propre expérience de jeunes psychologues ayant récemment quitté ce réseau pour réaliser une réflexion de fond sur celui-ci et tenter d’offrir de nouvelles pistes pour comprendre l’exode. Notre visée est aussi de s’écarter des arguments financiers pour s’attarder aux dif- férentes façons par lesquelles l’Institution ne répond plus à ses fonctions et cultive plusieurs formes de destructivité.

L’auteure, clinicienne d’orientation psychanalytique, raconte comment la lecture de La guerre des tuques l’a rapprochée d’une énigme concernant le sexuel infantile, énigme également convoquée par la rencontre analytique avec les enfants. Nourrie d’une vignette clinique, cette expérience a inspiré une rêverie donnant lieu à une réflexion sur le travail analytique auprès des enfants, plus particulièrement sur le rapport entre les générations, la relation face à l’infantile en soi et chez l’autre, ainsi que la relation transférentielle – autant de bases à cette rêverie qui cherche davantage à ouvrir des réflexions qu’à trouver des réponses.

Après avoir rappelé la tentative de réaménagement psychique que peut représenter le recours à l’acte de fuguer, cet article propose une lecture de la trajectoire adolescente marquée par ce type d’expérience. La psychothérapie de Sophie, qui s’est déroulée sur une quinzaine d’années, autorise une observation en après-coup d’une trajectoire de fugue adolescente. Il pourrait être tentant de parler ici d’une forme de résilience. Toutefois, il apparait plus juste d’évoquer l’accès à une « relativement bonne adaptation sociale » sur des personnalités restées en souffrance, au bord de décompensations, au-delà de leur adaptation. La discussion porte sur les effets positifs ou délétères d’un tel recours à l’acte, en insistant sur la différence fugue/errance ainsi que sur l’intérêt de la psychothérapie d’inspiration analytique dans l’après-coup de tels contextes extrêmes, à forte occurrence limite.