Chaque fois que la réalité est gênante et difficile à accepter, il est banal aujourd’hui de la contester, de la qualifier de fausse en se plaçant aussitôt dans le registre de la vérité, venant occulter le sentiment d’irréalité et de fausse perception qui s’y trouve impliqué. Relire la lettre de Freud adressée à Romain Rolland en 1936, « Un trouble du souvenir sur l’Acropole », sous l’angle du sentiment du faux permet d’explorer ce qu’il en est d’une psyché placée sous l’effet d’un déni post-traumatique, à partir de la constitution d’un faux-moi interne. Des hypothèses pourront être ici avancées sur la question fraternelle qui est au cœur de cette « lettre au frère », ouvrant sur une interprétation portant sur l’infigurable archaïque, au-delà de celle que suggère Freud autour du complexe paternel. Si « rien n’est vrai, et donc tout est permis », comme on l’entend aujourd’hui, c’est bien que la question fraternelle se trouve aujourd’hui posée comme celle du meurtre banalisé.