Ce texte met en question le caractère de véracité des sentiments transférentiels et en particulier l’amour de transfert, en déployant deux conceptions de l’inconscient et de ce qui induit le transfert, soit celle de Freud et celle de Laplanche. Ces conceptions qui ne s’excluent pas mettent l’accent sur ce qui vient de l’analysant et ce qui vient de l’analyste. Vrai et faux, les phénomènes transférentiels appartiennent à la réalité psychique, c’est-à-dire le noyau dur de l’inconscient. La position de pouvoir de l’analyste doit d’autant être neutralisée que ce qui émane de son inconscient en tant que signifiants énigmatiques reproduit la situation de séduction originaire. Répondre au transfert est une forme d’abus de pouvoir, alors que l’exigence éthique est d’« en » répondre, et non pas d’« y » répondre ; répondre donc de ce qui est en train de se passer, répondre de ce qui est interprétable, et ce tout autant quand on se trouve dans des situations apparemment non sexualisées, quand on a affaire au vide maternel, ou encore à la haine, à la destruction ou au négatif sous toutes ses formes, silencieuses ou non.