L’identification au nouveau-né a le pouvoir d’actualiser d’anciens traumatismes vécus par ses parents. Agissant par défaut de symbolisation, ces zones muettes dans la transmission s’avèrent mortifères pour chacun. Cet article traite du pouvoir révélateur de la naissance sur ces pannes de l’histoire quand la présence du bébé réactualise les détresses enclavées et mobilise l’aide sous pression des manifestations inconscientes. Un récit clinique illustre comment, en dehors des projections fantasmatiques classiques, ces manifestations sont agies jusqu’à induire la répétition dans le thérapeute lui-même, recréant à son insu la détresse originaire. Pour explorer ces configurations transférentielles peu conventionnelles, l’auteure s’appuie notamment sur les travaux de Benedetti et la clinique des psychoses. Si le thérapeute supporte d’éprouver les zones de mort vécues dans l’expérience du bébé et de son parent, la rencontre clinique peut faire événement. Relançant la dynamique du temps et de la narrativité autour du bébé, elle permet de traiter des traces laissées en attente de sens dans le vécu parental. Portant sa réflexion en regard de l’actualité, l’auteure interroge l’impact de l’expérience du naître et du mourir en temps de pandémie sur les transmissions inconscientes et invite à une écoute prévenante du vécu des familles durant cette crise sanitaire historique.