Les tracés de la violence se déploient selon des réseaux complexes et pluridirectionnels entre le pôle des psychés et celui de la culture: que la destruction qui se déploie sur la scène du monde se mette en résonance avec une violence oeuvrant dans les psychés et y puise à la fois ses instruments et sa force; ou qu’une destructivité première hantant la psyché lance vers le monde ses pseudopodes dans une tentative d’accrochage ou de mise en acte. Les notions de trace et d’énergie tout comme l’impératif d’un travail de figuration permettront un travail de tissage entre ces deux pôles.

Dans un troisième temps, il s’agira pour M. Ghyslain Lévy de questionner le primat d’indifférence dans le contexte socioculturel comme condition de l’autosacrifice qui semble s’inscrire au coeur des nouvelles formes du sacré contemporain.

Pour faire suite, au précédent article, M. Ghyslain Lévy poursuit sa réflexion à partir de l’hypothèse du primat du principe d’indifférence quant à la question du transfert lorsque celui-ci se déploie dans une clinique de l’emprise et de l’auto-emprise.

Freud avait distingué en 1911, dans ses réflexions sur les principes du cours des évènements psychiques, un principe de plaisir-déplaisir et un principe de réalité. Ne faudrait-il pas aujourd’hui s’interroger sur le primat d’un principe d’indifférence, dont l’hypothèse semble s’imposer au regard de l’importance d’une clinique de l’emprise, qui s’origine, comme Freud le soulignait déjà, dans une forme d’indifférence envers l’objet et, plus globalement, envers le monde extérieur ? En outre, au-delà de la vie psychique singulière, ce principe ne s’étend-il pas aujourd’hui à l’ensemble social, quand l’indifférence envers l’autre rejoint la simple annulation de son existence ? 

Comment en effet cette pression d’un savoir technologique influence-t-elle les représentations intimes et générales du monde du clinicien, et donc sa manière d’appréhender le « sujet » en clinique? Nous verrons aussi comment cette condition d’emprise peut se traduire jusqu’en un pouvoir de mort, à savoir par l’annulation de l’existence propre du sujet.

Plus précisément, il s’agira d’analyser quelle emprise a sur nous le savoir technologique, qui s’exprime notamment dans l’omniprésence d’une certaine forme de communication. Dans cet article, Ghyslain Lévy propose l’articulation de l’emprise actuelle du savoir technologique et de son pouvoir de mort. Il y est question de la place et du rôle à accorder à une pulsion cruelle qui, comme poussée d’emprise, vise la saisie de l’autre, son consentement passif, jusque dans ses formes fanatiques les plus régressives.

L’auteur s’interroge sur la pratique de la psychothérapie d’orientation analytique en institution et ses conditions de possibilité dans le contexte d’une transformation radicale du milieu de la santé mentale au Québec. Il met en lumière les écueils d’une telle pratique et les vecteurs qui freinent ou qui propulsent certaines formes de psychothérapie dans le champ de la santé mentale en institution. Deux formes de pensée et leurs répercussions sur le système de soins sont examinées : l’introduction des neurosciences et de la pensée gestionnaire sont au centre de ce débat. Enfin, l’auteur propose un modèle de soins qui tente de concilier une perspective psychanalytique et l’allocation des ressources disponibles dans un milieu institutionnel de soins en santé mentale jeunesse.

L’article pose sur deux registres différents mais interdépendants la place de la psychanalyse dans le soin aujourd’hui. Il s’agit dans un premier temps de montrer, en se référant à des analyses sociologiques, que cette question est étroitement liée aux différentes manières d’appréhender la pathologie mentale au cours du 20e siècle. Evolution elle-même liée à des changements de la condition anthropologique du sujet. Ainsi, si la psychanalyse a été au coeur de l’institution du soin pour avoir largement contribué dans les années 1950/1960 au passage du paradigme de la pathologie mentale à celui de la souffrance psychique, elle a, en revanche, largement pâti d’une rupture qui, au cours des années 1980/1990, a mis au centre du soin le paradigme normatif de la santé mentale. La psychanalyse devient alors une forme de résistance afin que la norme n’efface pas totalement le sujet dans les institutions de soins. Mais la psychanalyse doit se transformer et penser de nouveaux dispositifs à partir des nouvelles conditions anthropologiques du sujet. L’auteure soutient que l’enjeu fondamental de cette nouvelle psychanalyse concerne la fonctionnalité du préconscient et l’accès à la capacité réflexive. Elle développe cette réflexion à partir des travaux contemporains engagés par R. Kaës et R. Roussillon sur l’analyse transitionnelle.