La perte de soi est souhaitable pour tout un chacun, au titre d’une nécessité intérieure. Se parler et parler, être présent dans les mots et être représenté par les mots, donner mot à ses affects : cela suppose de consentir à ne jamais coïncider avec soi-même.
À l’opposé, il est une autre figure de la perte de soi, relevant de la destructivité et de l’autodestructivité : la disparition de soi à soi-même. Comment survivre a cette perte?
Telle est bien l’interrogation portée par« l’existence limite », qui traverse l’ensemble de l’ouvrage, de la clinique à l’écriture, avec deux éclairages aussi indirects qu’essentiels: d’une part, le dialogue de Freud et Ferenczi, destructeur et créateur, qui re-commence la psychanalyse; d’autre part, l’écriture survivante de Kertesz, qui fait oeuvre de l’effacement.
Philosophe et psychologue clinicien de formation, Jean-François Chiantaretto est psychanalyste et professeur de psychopathologie (Université Sorbonne Paris Nord). Depuis l’hypothèse du « témoin interne » formulée en 1999, ses livres sont animés par la question de l’interlocution interne, posée à partir de l’autoprésentation clans l’écriture et de la clinique des limites.