Le jeu est considéré par plusieurs auteurs comme étant le moyen privilégié utilisé par l’enfant pour mettre en scène, représenter et communiquer ses conflits intrapsychiques et ses difficultés relationnelles, de même que pour libérer ses fantasmes inconscients, et élaborer et moduler les angoisses liées à ces fantasmes. Les situations de négligence et de maltraitance au sein des premières relations significatives de l’enfant peuvent entraver le développement de sa capacité de symbolisation. Les abus physiques et sexuels vécus pendant l’enfance peuvent également provoquer une perte temporaire de la capacité de l’enfant à jouer et à faire semblant. Une autre conséquence est la présence de jeux et de thèmes traumatiques liés à la répétition littérale et compulsive des traumas. Cet article présente le travail de psychothérapie effectué auprès d’une jeune fille ayant vécu de multiples traumas avant l’âge de 3 ans. L’histoire de vie de l’enfant ainsi que sa situation de placement sont d’abord présentées. Ensuite, les différents jeux et thèmes symboliques et traumatiques sont illustrés à l’aide d’exemples cliniques. Les auteurs distinguent les jeux traumatiques des jeux abréactifs, ces derniers constituant une expression plus modérée de l’impact des traumas. Enfin, certaines attitudes et stratégies thérapeutiques visant l’élaboration psychique des traumas vécus par l’enfant sont discutées.

Le jeu symbolique et la capacité de mentalisation (CM) constituent des ressources sur lesquelles s’appuie le psychothérapeute pour aider l’enfant à élaborer ses conflits intrapsychiques et ses difficultés relationnelles. Ces capacités ne se développent pas de façon optimale lorsque l’enfant est confronté, dès un très jeune âge, à des traumas complexes, c’est-à-dire à des situations où il est exposé, de façon répétée et prolongée dans le temps, à des événements traumatiques qui surviennent au sein de ses relations significatives. Cet article présente d’abord les éléments essentiels à la compréhension du jeu comme moyen d’expression de l’enfant. Ensuite, les conséquences des traumas complexes sur la capacité à jouer et à faire semblant sont présentées. L’une de celles-ci concerne la présence de jeu traumatique, qui se caractérise par la répétition littérale du trauma. Bien que l’enfant fournisse des efforts pour échapper à l’emprise du trauma, ses jeux sont envahis par des éléments anxiogènes liés à ce dernier. Enfin, les impacts possibles des traumas complexes sur la capacité de mentalisation de l’enfant sont abordés. Les auteurs suggèrent que ce type de trauma altère le développement de cette capacité et engendre chez l’enfant un fonctionnement psychique caractéristique des modes prémentalisants, dont les répercussions peuvent être observées dans son jeu.

Dans le contexte d’une crise générale de l’autorité tant aux niveaux politique que social et familial, il y a lieu de questionner la fonction psychique de l’autorité et des interdits dans le développement psychoaffectif de l’enfant et de l’adolescent. Pour s’assurer que l’autorité ne bascule pas en autoritarisme ou en simple arbitraire, il faut néanmoins clarifier au préalable la distinction entre interdit organisateur et interdit désorganisateur. Le rôle de l’interdit est, entre autres, de permettre de lier entre eux les désirs pulsionnels avides, violents et sexuels, la crainte de perdre l’amour d’autrui et la rencontre avec la réalité. Nous examinerons en ce sens la construction des interdits au niveau intrapsychique, social et de la loi, et ce, de l’enfance à l’âge adulte, en soulignant les conflits qui peuvent survenir à chaque étape de ce développement. Nous serons ainsi à même d’énumérer quelques difficultés familiales typiques ayant trait aux interdits ainsi que les façons de les aborder en clinique.

Agités, opposants, turbulents ; les tumultes intérieurs de l’adolescence transcendent parfois les difficultés « classiques » de l’émergence pubertaire pour s’inscrire dans un tout autre registre : celui de la terreur. Ces enfants et ces adolescents « mis à mal » s’adonnent parfois à des agirs transgressifs d’une violence inouïe. Face à l’effraction répétée du système de pare-excitation, aux carences traumatiques primaires et à la violence, comment ces enfants peuvent-ils symboliser ? Comment forgent-ils leur subjectivation ? La violence de ces adolescents nous sidère et nous interpelle tout à la fois. À travers ce texte, l’auteur explore l’articulation entre la littérature, l’écriture de soi et le processus de subjectivation et souligne en quoi une telle démarche d’écriture peut s’avérer thérapeutique et salutaire pour les enfants qui ont connu la terreur.

 

Comment les manifestations de la sexualité infantile sont-elles aujourd’hui perçues à l’aune d’une normopathie qui affecte tant le secteur du soin que la cellule familiale ? À partir d’un élargissement d’un concept clinique développé par J. McDougall et de sa pratique, autant en institution qu’en cabinet, l’auteur propose d’aborder les difficultés des enfants à exister en tant que tels dans un contexte sociétal d’hypernormalisation.

Les problèmes de comportement et d’agressivité constituent une des raisons principales de consultation en pédopsychiatrie. Dans certaines situations, la violence et l’agressivité présentes peuvent devenir alarmantes et il devient alors nécessaire, au-delà de la nécessité d’agir et de contenir, de trouver des façons de continuer à penser et à réfléchir. Pour soutenir cette réflexion sur la violence, nous reviendrons tout d’abord sur les données issues de la recherche en paléoanthropologie sur l’évolution humaine et la place de l’agressivité dans le développement de la condition humaine. Également, les concepts développés par D. W. Winnicott, Philippe Jeammais, pédopsychiatre et psychanalyste, ainsi que Marie-Rose Moro, pédopsychiatre spécialisée en psychiatrie transculturelle et psychanalyste, contribueront également à nous éclairer sur les enjeux présents dans la clinique de la violence et de l’agressivité. Quatre vignettes cliniques sont également présentées pour illustrer cette complexité clinique.