Ce classique de Sophocle, qui continue à nourrir la pensée psychanalytique contemporaine, porte à la scène une panoplie de facteurs psychodynamiques, comprenant des éléments préoedipiens, oedipiens et postoedipiens. La présente analyse de l’Œdipe roi met en lumière cette psychodynamique particulière et se distingue sous trois aspects étroitement interreliés. D’abord, l’auteur se centre presque exclusivement sur le texte dramatique plutôt que sur le mythe classique d’Œdipe en lui-même. Dans un deuxième temps, en se basant sur une étude approfondie du texte grec original et de certains signifiants essentiels, l’analyse met en lumière des éléments comme l’étendue de la charge érotique du langage utilisé par Sophocle, jusqu’ici négligée, de même que le caractère suggestif de ses tautologies apparentes quoique conflictuelles. Enfin, l’auteur approfondit tout en l’harmonisant une approche psychanalytique de l’Œdipe roi en utilisant la perspective des spécialistes de la littérature classique qui mettent généralement l’accent sur le rôle des divinités, que minimisent habituellement les psychanalystes. Une intégration herméneutique de l’approche classique de l’arrogance démesurée du héros implique la compréhension du rôle du moi idéal, surtout à la pièce, à laquelle la littérature classique n’a porté attention que récemment et que la psychanalyse a presque totalement ignorée. Copyright© 2010 John Wiley and Sons, ltée.

Dans cet article l’auteure illustre un parcours analytique où les mots, véritable terre d’exil, faisaient évènement. Défiant toute logique de l’avoir et de l’être, du familier et de l’étranger les mots dévoilaient ce qu’ils cachaient, communiquaient hors dialogue et, bien que considérablement agissant, ne permettaient pas qu’un espace psychique se constitue à l’intérieur du sujet. Le lecteur est ici invité à questionner ses propres référents psychanalytiques en se laissant rejoindre, troubler par les mots lus, en acceptant de ne pas « savoir ce qui se dit derrière la porte », et de vivre avec cette incertitude qui soutient la curiosité épistémologique.

Quelques créations-interprétations de deux cures ouvrent à la problématique d’un certain truchement des jaillissements translinguistiques via un trait qui signe le retour des traumatismes refoulés. De quelle manière les traces incestueuses de l’Idéal du moi, rendent-elles perméables les frontières linguistiques pour telle femme qui demande en rêve une boisson inédite que son inconscient nommeTubuca ? Ou pour tel homme qui retrouve son souffle à travers l’analyse de son lapsus Papillome ? Les formations de l’inconscient de ces deux analysants dévoilent leur rapport au trait unaire prélevé sur la langue. Ce trait identificatoire est la seule commémoration qui reste de la conjonction entre la langue maternelle et l’inconscient où le signifiant ne demande qu’à venir contaminer le savoir insu avec lequel se débat le sujet… Les vocables de l’Autre qui donnent consistance à l’aire des sensations pulsionnelles de l’infans retrouvent leur sonorité dans le transfert. La coupure subjective, que l’acte analytique introduit dans la jouissance de la lalangue, atteint la lutte à mort du signifiant et dénoue la perspective d’assimiler l’Idéal du moi à un trait de fiction.

Notre propos tend à articuler langage et métaphores, en prenant des exemples dans les champs culturel et psychopathologique. Nous proposons une introduction théorique pour poser quelques points de repères sur les origines de l’accès au langage, avant d’illustrer comment la psychanalyse permet de saisir comment « ça » parle, à la façon d’une vision du monde interne qui se dévoile au fil des mots et de la découverte de leur sens latent ; dans cette perspective, la prégnance des enjeux sexuels ne lasse pas de faire retour, par exemple dans un film. Sur le plan psychopathologique, la répétition de termes précis, appartenant à un champ signifiant commun, peut davantage représenter un point d’achoppement de la problématique d’un patient.

Bien que Freud ait été polyglotte, le thème du bilinguisme et du multilinguisme n’a intéressé la psychanalyse que depuis peu. Le mythe de la tour de Babel, considéré traditionnellement comme une punition divine, peut cependant aussi être vu comme un facteur d’essor humain. L’auteur explore son enfance dans un environnement plurilingue avec ses avantages et ses difficultés. Elle interroge le lien entre la langue, la migration et l’identité culturelle. À travers de courtes vignettes, elle illustre l’utilisation de différentes langues au cours de thérapies.

Comment l’expérience de la psychanalyse peut-elle rendre compte de ce qui fait la relation vivante de chacun à l’étrangeté de « sa » langue, en particulier quand celle-ci porte des parts d’indicible, de douleur innommable, de catastrophe subjective irreprésentable, hors de toute mémoire et de tout souvenir ? La confiance faite à l’autre est ici décisive, et constitue tout l’enjeu de l’analyse permanente des contre-transferts mobilisés en séance. En quoi la dominance actuelle d’une langue de la technique, réduite à son savoir-faire, en vient à disqualifier la fonction identifiante de la parole, au risque d’ouvrir à cette part refoulée de la langue qu’on pourrait désigner comme « post-totalitaire » ? Il s’agira ici de repérer ce qui, dans la clinique de la séance, renvoie à un tel drame de la langue, dans la destitution transmise de son pouvoir de nomination.