Polyphonie 1
Volume 31
Partie 2
Le présent numéro de la revue Filigrane est consacré à des articles hors- thème, s’inscrivant principalement dans les rubriques Hétéros et Psychanalyse à l’université. Les propos des auteurs et autrices amènent à renouveler
le vœu que notre revue demeure à l’avant-garde des changements sociétaux et culturels, qui ne peuvent que bousculer la pratique clinique et faire progresser les fondements théoriques. Pour n’en nommer que quelques-uns, les thèmes de la pratique en milieu institutionnel, du travail « à distance », mais aussi des pratiques en périnatalité et de la controversée question de la diversité des genres sont ici au cœur de la réflexion des clinicien.nes.
Ce numéro s’inaugure donc par un article cosigné par Céline Boissonneault et David Smolak, qui aborde la situation actuelle et alarmante des psychologues œuvrant dans les institutions du réseau de la santé québécois. Cette intéressante réflexion amène à pousser plus loin le question- nement sur l’exode des psychologues vers la pratique privée, en déplaçant l’argumentation sur la place octroyée à la perspective fondamentalement humaine (au sens plein du terme) de ceux et celles-ci.
Toujours dans cette perspective de réflexions sur la pratique actuelle des psychologues, Alexandre L’Archevêque propose une analyse de la psy- chothérapie à distance, en décortiquant cette expérience complexe, selon des thèmes fondamentaux : notamment l’espace, le temps, le corps et plus largement le cadre. En découle une réflexion sur la fine intrication corps- esprit dans la pratique clinique d’orientation psychanalytique.
C’est d’ailleurs dans cette optique que Villemaire Paquin propose un article issu de sa pratique clinique, où justement le corps (celui de la patiente, celui du clinicien), dans sa réalité, dans son humanité est mis de l’avant, dès lors qu’il apparait indissociable du processus de subjectivation.
Cette section se conclut par un article de Pascal Roman, qui revisite, à partir de sa pratique clinique auprès d’adolescents, le célèbre fantasme freudien de fustigation inhérent à l’écrit fondamental: «Un enfant est battu». S’ensuit une analyse originale du mouvement psychique « paradoxalement maturatif » parfois voilé derrière la violence des agirs adolescents.
La rubrique Psychanalyse à l’université propos en premier lieu un article de Kassandra Pineault-Savard qui s’inscrit en complémentarité avec la pensée de Pascal Roman. L’autrice aborde le thème peu exploré de l’utilisation de l’humour agressif à l’adolescence. Sa recherche doctorale a su mettre en relief différentes dynamiques psychiques sous-jacentes à cet humour, et leur potentiel adaptatif pour les jeunes et leur environnement social – dans la perspective psychanalytique où l’agressivité demeure une composante essentielle et vitale du fonctionnement psychique.
Par la suite, un article de Cindy Mottrie et collaboratrices relate une recherche qualitative menée auprès de dyades mère-bébé. Les chercheures discutent du voile que peut constituer la connaissance de la famille dans le cadre de l’observation fine de bébés en souffrance. La pertinence de l’outil ADBB pour soutenir cette observation est discutée dans la perspective du développement actuel du secteur de la périnatalité.
Puis, Olivier Didier et Miguel M. Terradas proposent une riche réflexion sur le fonctionnement psychique «limite en émergence» d’enfants en lien avec leur vécu précoce infantile. Leur recherche fondée sur l’observation clinique du jeu symbolique est illustrée par deux vignettes qui mettent en évidence le potentiel de l’activité ludique comme révélateur de fonctionnements psychiques singuliers.
Ce numéro se conclut par une riche recension du livre de Nicolas Evzonas, «Devenirs trans de l’analyste». Jonathan Nicolas y explore avec moult détails les différents chapitres propres à soutenir chez les lecteurs et lectrices une vision novatrice de la transidentité, de la rencontre analytique qui en découle, laquelle ne peut qu’amener les clinicien.nes d’aujourd’hui à s’affranchir d’un « discours dogmatique ».