Dans cet article, j’examine les expériences que Wilfred R. Bion et Serge Doubrovsky font de l’autofiction en s’appuyant tous deux sur la théorie et la méthode psychanalytiques. Je soutiens que dans A Memoir of the Future (1979) de Bion et Fils (1977) de Doubrovsky, les auteurs remettent en question le potentiel du langage et de la forme littéraire pour explorer l’effet de l’expérience émotionnelle dans la formation des pensées (Bion) et du moi (Doubrovsky). La question à laquelle cet article tente de répondre est la suivante : comment articulent-ils et reproduisent-ils par l’écriture des engagements subjectifs avec l’activité psychanalytique alors que ce même processus est en constante évolution ? Pour ce faire, je me concentre sur la génétique et l’esthétique de A Memoir of the Future et Fils. Dans la première partie de cet article, j’aborde deux événements de la vie des auteurs et leur impact sur les deux œuvres à l’étude, soit le trauma de guerre et l’expérience d’exil. J’analyse dans un second temps la manière dont Bion et Doubrovsky incarnent différentes épistémologies psychanalytiques, pour élaborer enfin les implications de celles-ci sur l’esthétique et la poétique de leurs œuvres d’autofiction.