L’article se propose d’illustrer, par un exemple personnel, la pertinence
d’une gestation tributaire du temps — temps psychique, temps généalogique, temps historique des événements sociopolitiques — grâce auquel un écrit testamentaire de 1920 finit par trouver sa véritable destination dans une publication de 2009. Pour montrer comment exhumer une trace, faire entendre une voix, requiert plusieurs générations, il présente les différentes étapes que dut franchir le témoignage de déportation de Vahram Altounian, survivant du génocide arménien de 1915, jusqu’à sa parution en fac similé dans une édition universitaire au sein d’un ensemble d’élaborations dont il fut le référent pour sept récipiendaires : son traducteur, sa fille et cinq psychanalystes à l’écoute des traumas de l’Histoire.