Claude Vivier a été un compositeur de musique contemporaine québécois de génie. Son écriture musicale déroutante évoque chez le psychanalyste le monde enténébré d’une enfance d’avant les mots de la langue maternelle, marqué au sceau de tintements d’éléments percussifs et d’échos sonores dissonants au plus proche du corporel, d’où perce un ineffable parfum mélancolique. Dans la composition de la partie chantée de l’oeuvre (ainsi que peut le représenter Wo bist du Licht !), il y a l’usage singulier d’une langue inventée adressée à soi-même qui semble rejoindre la notion de jumeau paraphrénique mise de l’avant par Michel de M’Uzan. Les blessures psychiques précocissimes infligées au sujet Vivier ont généré un destin singulier de créateur sur lequel la psychanalyse peut se risquer à jeter un regard.