Cet article présente une analyse des relations marquantes ayant teinté la vie d’un ex-détenu dont la carrière criminelle a été caractérisée par de nombreux recels. L’objectif principal est de comprendre comment certaines relations significatives ont influencé le cheminement criminel d’un homme condamné à de multiples sentences d’emprisonnement. Douze entretiens avec un criminel réhabilité ont permis de dégager trois sphères conflictuelles de ses relations interpersonnelles, regroupées sous les thèmes suivants : l’importance de la méfiance, la protection contre l’attachement et la non-valeur d’autrui. Ces thèmes sont analysés et mis en rapport avec des figures significatives de son histoire, mettant en lumière la complexité des enjeux identificatoires et projectifs en cause. En outre, l’analyse fait ressortir comment des relations significatives sont devenues des identifications structurant le devenir criminel de cet homme. Le texte fait le lien entre ces analyses et les modèles psychocriminologiques et psychanalytiques des relations d’objet et des identifications.

La recherche d’orientation psychanalytique ne va pas de soi à l’université, tant à cause du paradoxe de la transmission du savoir analytique par une pédagogie, qu’à cause de conceptions actuellement prédominantes sur la nature de la recherche universitaire (en tout cas, en psychologie). Le présent article fait écho à l’appel lancé il y a une dizaine d’années par Sophie de Mijolla-Mellor pour un « décentrement » de la recherche psychanalytique. L’auteure présente deux exemples de travaux universitaires où sont directement mises à profit pragmatique, analyse de discours et autres disciplines étudiant les échanges langagiers, afin de développer la recherche d’orientation psychanalytique.

Cet article se propose de présenter la démarche pédagogique engagée dans le cadre d’un cours d’Introduction à la psychanalyse donné à l’Université. À partir d’une réflexion sur la faisabilité d’un projet d’enseignement de la psychanalyse, déjà interrogée en son temps par Freud (1919), se dégage une perspective selon laquelle l’approche de la psychanalyse à l’Université (comme théorie, comme méthode, et, dans une moindre mesure comme pratique) gagne à prendre appui sur la rencontre et l’analyse du processus de création. Ainsi, cette démarche pédagogique s’inscrit dans le prolongement de l’intuition freudienne selon laquelle la rencontre avec des œuvres de création (Freud, 1906) constitue une voie propice pour l’appréhension et l’appropriation des principaux concepts psychanalytiques. Ici, c’est en particulier en appui sur la rencontre d’œuvres d’Art Brut (avec une collaboration privilégiée avec la Collection de l’Art Brut à Lausanne), que se déploiera l’enseignement. Il s’agit en effet, d’initier les étudiants à repérer, en appui sur un matériel mis à disposition (corpus d’images et de discours sur l’œuvre ainsi que de films documentaires consacrés à des auteurs d’Art Brut), les indices de la participation d’une des trois principales formes de travail psychique que sont le travail du rêve, le travail du deuil et le travail du jeu au processus de création (à partir des travaux de Anzieu, 1981) et, à partir de là, de leur permettre une première rencontre avec les concepts de base de la psychanalyse. Au-delà de l’énoncé de la démarche didactique qui sous-tend le projet de cet enseignement, l’article présente une illustration clinique à partir d’un auteur se situant à la frontière de l’Art Brut (P. Dereux), ainsi que le synopsis du cours et les modalités d’évaluation de celui-ci