Dans ce texte, premier de deux volets sur la question du narcissisme, l’auteur témoigne de réflexions élaborées tout au long de son parcours clinique sur les pathologies de la personnalité narcissique et sur la nécessité de prendre en compte les difficultés défiant dans ce contexte, les méthodes de psychothérapie. Ce premier volet est consacré à la métapsychologie du narcissisme, telle qu’élaborée d’abord par Freud, puis à la lumière de contributions contemporaines dont celle de Kernberg en particulier. L’auteur souligne la pertinence d’envisager également le narcissisme dans ses dimensions saines et nécessaires à la vie psychique.

Inspiré par Ferenczi et sa conception du traumatisme, l’auteur propose d’explorer à travers deux courtes vignettes cliniques, une position transférentielle particulière dans laquelle l’analyste est amené à prendre la place d’un témoin, et favoriser l’inscription psychique et dans le temps de ce qui ne se présente que dans l’actuel.

À partir du cas de Jérôme, père de Denis venant en thérapie pour comprendre les difficultés de son lien à son fils, vivant en grande précarité, désinséré, en retrait de toute vie sociale et professionnelle, nous avons souhaité réinterroger les modes de nouage du lien père-fils et la possibilité pour un fils de prendre un nom du père sans en être aliéné : comme disait Lacan on peut se passer du Nom-du-Père à condition de s’en servir. Denis est écrasé par l’uniforme d’un père qu’il voit comme tout-puissant et castrateur (rêve du taureau). L’occasion nous est donnée alors par ce rêve de Denis rapporté à son père et que ce dernier nous rapporte en séance, de revenir à Totem et tabou de Freud et à la fonction du père dans le système de la horde primitive. Le père est tué in effigie, en image, on brise sa statue au risque de ne plus exister soi-même. Le mythe de la horde primitive de Totem et tabou est bien un mythe. Le meurtre du père est un passage obligé pour tout sujet quand il doit s’inscrire dans le groupe social. Ce cas clinique n’est pas sans nous évoquer la Lettre au père de Kafka et le poids du père qui l’écrase et dont l’écriture va être une tentative de se faire un nom en propre et se tirer d’affaire.

Comment suppléer aux déchirures de la mémoire ? Comment raconter une violence extrême – physique ou psychologique – vécue dans un temps qui précède la parole, et alors qu’aucune possibilité de représentation et de récit n’existe ? Dans La petite fille et l’éléphant, j’émets l’hypothèse que la violence contre soi constitue une défense contre un état d’abandon psychique. La cure analytique pourrait être ce lieu qui permet à la fois la symbolisation de cet état d’abandon et la mise en récit de soi dans son rapport à des violences primitives. Partant de mes souvenirs et expériences cliniques, des témoignages apportés par des romanciers, philosophes et collègues psychanalystes, j’interroge ce que j’appelle « l’expérience de l’inconcevable » et propose une approche qui favorise la mise en récit de soi (qui inclut les silences de son passé) à partir du transfert.

Dans la Vienne du xxe siècle, le père était encore très autoritaire. Freud a mis en scène, dans le mythe d’Oedipe, un père puissant, castrateur du sexe du garçon dans son désir de la mère. Le psychanalyste d’aujourd’hui vit dans une société où les pères, beaucoup moins autoritaires, considèrent garçons ou filles comme des êtres avec lesquels on échange sur les projets de vie. Tenant compte de cette mutation de la culture, l’auteur propose un certain réaménagement de l’Oedipe dans le discours inconscient.

Il est une qualité d’espace, l’espace thymique (Binswanger, 1932), qui mérite d’être davantage connue en psychologie clinique car elle re-crée, chez l’homme, le sentiment « d’exister avec autrui », optimalisant, au final, la prise en charge psychothérapeutique.