L’article se centre sur plusieurs des aspects relationnels et métapsychologiques particulièrement mobilisés lors des entretiens préliminaires avec les patients que l’auteur qualifie de « difficiles ». On montrera que la compréhension qu’on peut tirer d’enjeux économiques et narcissiques au coeur des problématiques psychiques représentées par ces patients permet de mieux établir l’indication du dispositif thérapeutique qui sera le plus approprié dans leurs cas, et facilite l’inscription de leur demande d’aide. Seront également évoqués les mérites, en termes de compréhension clinique, des rencontres évaluatives tenues en présence d’un groupe d’analystes.

Louis Pinard, psychiatre, psychanalyste, membre de la Société psychanalytique de Montréal et de la Société canadienne de psychanalyse (SCP). Professeur adjoint au Département de psychiatrie de l’Université McGill, Louis Pinard a été membre clinicien fondateur de la Clinique psychanalytique de Montréal (2007-2014) et est actuellement membre du collectif, Groupe psychanalytique du Mont-Royal (GPMR). Il a publié plusieurs articles sur les troubles de l’humeur et les problématiques psychosomatiques.

Le propos théorique de ce texte s’attache à la fonction psychique conservatoire qu’opèrent plus ou moins sourdement chez le patient les entretiens préliminaires sous-tendus par le dispositif d’accueil qui y est offert et son enveloppe psychico-physique. Un exemple clinique permettra d’illustrer la temporalité inconsciente mobilisée/immobilisée chez une patiente lors de ces rencontres inaugurales, et les condensations mnésiques primaires inscrites dans le support transférentiel associé qu’a représenté pour la patiente le double cadre du centre de traitements psychanalytiques.

Isabelle Lasvergnas, sociologue, psychanalyste, membre de la Société psychanalytique de Montréal (SPM) et de la Société canadienne de psychanalyse (SCP). Professeur honoraire, Département de sociologie, UQAM, Isabelle Lasvergnas a été directrice fondatrice de la Clinique psychanalytique de Montréal/Centre de consultation de la Société psychanalytique de Montréal (2006-2014), et est actuellement membre du collectif, Groupe psychanalytique du Mont-Royal (GPMR). Membre du comité international de la Revue Cliniques (Éres), elle est l’auteure de nombreux articles et a dirigé plusieurs ouvrages collectifs, notamment sur la question de la méthode psychanalytique et les premiers entretiens.

À travers l’histoire du Centre Victor Smirnoff, le texte soulève la question, spécifique aux institutions cliniques de psychanalyse, de la construction de lieux et de modalités d’échanges collectifs autour de l’intimité transférentielle et contre-transférentielle des rencontres et des traitements qui s’y déroulent. Ces modalités d’échanges inter-analytiques, au sein de l’institution et avec le reste de la communauté analytique, pourraient donner à voir « le style » de chaque institution. S’y liraient l’histoire de la création et de l’évolution de chaque centre, les convictions théoriques de leurs fondateurs et/ou de leurs directeurs ainsi que leurs transferts sur la psychanalyse tout autant que les restes transférentiels de leurs propres parcours psychanalytiques.

Anne Homer-Koffi, psychiatre, psychanalyste membre de l’Association psychanalytique de France (APF), Anne Homer-Koffi a été médecin-chef responsable du Centre Victor Smirnoff jusqu’en 2018. Elle a été médecin référent pour un projet d’hébergement thérapeutique pour adolescents (CHS Sainte-Anne), ainsi que pour un centre d’accueil jeunes adultes (18- 24 ans) et d’une consultation d’ethnopsychiatrie.

La consultation psychanalytique a pris toute sa place dans la clinique et la transmission psychanalytiques, à côté du soin, avec l’ouverture des cliniques gratuites comme le souhaitait Freud. Le Centre de consultations et de traitements psychanalytiques Jean Favreau s’est inscrit dans cette continuité. Une recherche au sein d’un groupe de pairs se poursuit depuis de nombreuses années selon les modalités d’un travail associatif groupal. Les échanges inter-analytiques à partir de séquences cliniques s’appuient sur l’écoute en second, à partir de l’institutionnalisation de la dualité consultation/traitement, et permettent l’évaluation de la pertinence des indications. La tierciéisation du dispositif, soit « le double cadre », donne son titre à l’article.

Danielle Kaswin-Bonnefond, psychiatre, psychanalyste, membre titulaire formateur de la Société psychanalytique de Paris (SPP). Danielle Kaswin- Bonnefond est le médecin directeur sortant du Centre de consultation et de traitement psychanalytique Jean-Favreau (CCTP/ASM13). Directrice adjointe de la Revue française de psychanalyse (RFP), elle est l’auteure de nombreuses publications portant principalement sur les rapports entre Freud et Jung, et sur la sexualité féminine.

Le Centre de psychanalyse et de psychothérapie É. et J. Kestemberg propose des conditions exceptionnelles de traitements psychanalytiques pour des patients présentant un fonctionnement psychotique, qui peuvent s’appuyer sur des tiers objectivés pour faire face à leurs menaces d’intrusion. La consultation psychanalytique au Centre avec un patient schizophrène suivi ultérieurement en psychodrame psychanalytique individuel permet d’illustrer la complémentarité entre les approches psychanalytique et psychiatrique dans le traitement de ces patients difficiles.

Alain Gibeault, philosophe, psychologue et psychanalyste, membre titulaire formateur de la Société psychanalytique de Paris (SPP), et ancien directeur du Centre Évelyne et Jean Kestemberg (Centre de traitements psychanalytiques et psychothérapiques, ASM 13 à Paris). Ancien président de la Fédération européenne de psychanalyse, et ancien secrétaire général de l’Association internationale de psychanalyse (IPA/API), il est professeur honoraire à l’Université d’État Lomonossov à Moscou. Alain Gibeault est l’auteur de très nombreux articles et de plusieurs livres en langue française et en anglais.

La transmission de la psychanalyse freudienne a souffert de son institutionnalisation, et des totems et tabous qui l’ont accompagnée. Comme la musique, la psychanalyse se transmet et s’interprète par le même geste, ce qui alimente la culpabilité de la trahir. L’interprétation ouvre en même temps une petite apocalypse salvatrice (Baricco) face aux pièges totémiques. L’évolution institutionnelle a contribué à appauvrir le dialogue entre la psychanalyse et la culture actuelle, tandis que cette culture s’est éloignée d’un intérêt pour le monde intérieur, dans la mouvance de ce que nous appelons une défense maniaque de la vie quotidienne, à la suite de Winnicott. L’institution psychanalytique donne des signes d’une nouvelle vitalité et les centres de consultation plus économiquement abordables font foi de ce mouvement.

Martin Gauthier, pédopsychiatre, psychanalyste, membre de la Société psychanalytique de Montréal (SPM) et de la Société canadienne de psychanalyse (SCP) dont il a déjà été le président. Martin Gauthier est membre formateur à l’Institut psychanalytique de Montréal, et à l’Institut canadien. Professeur adjoint, Département de psychiatrie, Université McGill, et médecin répondant au CIUSS Centre-Ouest (Santé Mentale Jeunesse). Auteur de nombreux articles, en particulier sur la question du contre-transfert dans la supervision, sur la question du cadre, et la clinique de la transitionnalité, il est également membre du Conseil d’administration de l’Association internationale de psychanalyse (AIP/IPA).