Cet article a pour objet la mise en perspective d’un intérêt complémentariste favorisant l’engagement de la psychanalyse dans les champs théorico-clinique du traumatisme historique. Si la psychanalyse s’engage dans les débats politiques contemporains, elle doit aussi s’impliquer dans le champ de la recherche en psychologie. C’est le cas, notamment, lorsqu’elle aborde l’aire du traumatisme, car il n’est pas possible d’appréhender l’inconscient sans tenir compte des représentations d’un groupe ayant vécu une catastrophe historique commune : guerres, génocides, esclavage, colonialisme. Nous soutiendrons notre propos par une recherche sur les « émeutes » de l’automne de 2005 en France, lesquelles ont été agies par des adolescents « français » dont la particularité est qu’ils sont nés de l’histoire française et de ses anciennes colonies.

Un projet d’engagement social de la psychanalyse et un dispositif d’écoute original

Ce texte présente un « état des lieux », après plus de 5 années d’existence, de la Clinique psychanalytique de Montréal (CPM/Centre de consultation de la Société psychanalytique de Montréal). Il vise à rendre compte de la philosophie clinique et théorique qui a sous-tendu le projet dès son origine, faisant de celui-ci non seulement un projet « social », mais au plein sens du terme, un projet de recherche clinique. Corollaire des nouvelles problématiques psychiques rencontrées dans la cure aujourd’hui, en particulier chez les jeunes générations, se pose pour la psychanalyse contemporaine la question d’une nouvelle conjonction entre inconscient et culture, dont une clinique comme la CPM constitue un observatoire privilégié. À titre d’illustration des interrogations de recherche en cours à la Clinique, le texte propose une première réflexion théorique sur le dispositif des entrevues préliminaires mis en place. Il aborde également, les résistances particulières que peut susciter une pratique clinique dans une « institution », en lien avec des points aveugles de la filiation psychanalytique, ses idéologies groupales et une idéalisation de la transmission psychanalytique dans laquelle s’est inscrite, dès les premières années de la découverte, une résistance à la tercéisation.

 

L’engagement dans un groupe analytique n’est jamais chose facile. Des exemples tirés de la pratique de la psychothérapie de groupe et quelques considérations théoriques illustrent qu’une des principales difficultés est l’ampleur de la régression et de l’angoisse ressentie à certains moments du groupe, notamment dans ses débuts ou lors de l’arrivée de nouveaux participants. Pour réussir à s’adapter et à vivre dans un groupe, pour que ce milieu ne demeure pas irrespirable, il faut qu’y soit favorisée la capacité de métaboliser la libido débordante en parole vivante. Pour cela, il faut pouvoir y retrouver/recréer un lien suffisamment bon à l’objet-groupe qui peut représenter la mère et le monde humain.

 

À partir des deux principales significations du mot « engagement », celle qui fait du sujet l’acteur d’une promesse et celle qui le voue à la contrainte des automatismes, l’auteur évoque les logiques de domination et d’émancipation sociale de la civilisation actuelle. Il montre comment les formes de savoir et les formes de pouvoir sont inséparables et propose la thèse selon laquelle la récusation de la psychanalyse aujourd’hui dépend étroitement de son appartenance au savoir narratif.

 

L’auteure explore les particularités de son engagement personnel dans un contexte de consultation psychosociale en protection de l’enfance. Elle cherche à décrire l’engagement collectif ainsi que l’engagement plus personnel d’une psychanalyste. L’exemple clinique d’une jeune enfant sert à illustrer l’ampleur et la nature de l’engagement partagé en situation périlleuse de survie psychique. Se définit peu à peu le souhaitable engagement bien tempéré.

 

Le thème de la temporalité, si important en psychanalyse, représente un de ces carrefours où se croisent d’autres concepts extraordinairement importants tels que le setting, la subjectivité, les théories du travail clinique, l’interprétation et la conception des facteurs thérapeutiques, l’institution psychanalytique. Nous abordons ici le concept de l’espace-temps en relation avec la théorie du champ analytique de Bion. L’hypothèse que nous avançons est que le champ est l’instrument conceptuel qui permet de moduler de façon plus fine et plus sûre la distance qui s’établit entre le patient et l’analyste pour atteindre et étendre l’unisson émotionnel qui, selon nous, est le facteur thérapeutique central.