Le thème de la temporalité, si important en psychanalyse, représente un de ces carrefours où se croisent d’autres concepts extraordinairement importants tels que le setting, la subjectivité, les théories du travail clinique, l’interprétation et la conception des facteurs thérapeutiques, l’institution psychanalytique. Nous abordons ici le concept de l’espace-temps en relation avec la théorie du champ analytique de Bion. L’hypothèse que nous avançons est que le champ est l’instrument conceptuel qui permet de moduler de façon plus fine et plus sûre la distance qui s’établit entre le patient et l’analyste pour atteindre et étendre l’unisson émotionnel qui, selon nous, est le facteur thérapeutique central.

Une étude du procès de l’après-coup permet de discerner les temporalités qui coexistent au sein du psychisme. L’auteur propose d’examiner celles-ci à partir d’une séquence clinique qu’il confronte ensuite au processus de théorisation de Freud. Il replace ainsi le concept d’après-coup dans l’histoire de la métapsychologie. Sont rencontrées la régression temporelle, l’intemporalité, l’atemporalité du traumatique, ainsi que les opérations de substitution et de résolution, créatrices du passé, de l’avenir et du présent. En introduisant l’intemporalité des désirs inconscients, la doctrine du rêve nous renseigne sur le travail psychique en deux temps exigé par l’existence de l’atemporalité traumatique, ainsi que sur les capacités de régénérescence libidinale du rêve. Celui-ci s’avère remplir la fonction de bain de jouvence. La méthode psychanalytique reprend à son compte le travail très original de l’entre-deux-temps qu’est le travail de rêve, et l’inscrit en séance en tant que travail de transfert, afin de promouvoir l’effet thérapeutique escompté.

Les troubles psychiatriques représentent un véritable miroir grossissant du pouvoir des facteurs émotionnels de désorganiser ce qu’on peut appeler l’homéostasie psychique. Mais ces mêmes troubles ont une valeur adaptative qui peut rendre compte de l’adhésion du patient à ceux-ci. Détruire, y compris soi-même peut ainsi devenir une façon paradoxale de manifester sa volonté d’exister, car détruire est toujours possible et se situe hors du temps qui est ce qui nous échappe par excellence. La destructivité peut devenir ainsi plus ou moins insidieusement la valeur référence qui peut griser l’être humain. Elle est en effet sans limite, à l’abri de la déception et de toute attente, contrairement à la créativité – en somme la drogue humaine par excellence.

L’article se propose d’illustrer, par un exemple personnel, la pertinence
d’une gestation tributaire du temps — temps psychique, temps généalogique, temps historique des événements sociopolitiques — grâce auquel un écrit testamentaire de 1920 finit par trouver sa véritable destination dans une publication de 2009. Pour montrer comment exhumer une trace, faire entendre une voix, requiert plusieurs générations, il présente les différentes étapes que dut franchir le témoignage de déportation de Vahram Altounian, survivant du génocide arménien de 1915, jusqu’à sa parution en fac similé dans une édition universitaire au sein d’un ensemble d’élaborations dont il fut le référent pour sept récipiendaires : son traducteur, sa fille et cinq psychanalystes à l’écoute des traumas de l’Histoire.

À partir des enjeux auxquels font face les psychanalystes inscrits dans le travail institutionnel et des formations obligatoires auxquelles on les soumet, nommément l’approche motivationnelle et l’approche du rétablissement en santé mentale, deux positions de l’auteure s’affrontent. Dans le respect à la fois de son éthique et de son autonomie professionnelles, quelle place le psychanalyste peut-il trouver pour lui- même et pour l’Autre qu’il écoute ? Confronté à des paradigmes qui ne sont pas les siens, où le sujet se voit réduit aux considérations marchandes des données probantes, il est appelé à tenter quelques petites subversions pour sortir de l’écheveau normatif et quantifiable, un brin de création et d’inattendu. Il est néanmoins violemment exposé aux discours vides, aux mots-clés, écartant l’essentiel de la souffrance humaine : son sens. Tout en brossant un tableau de l’état des lieux, l’auteure questionne et critique l’insensé contenu dans ces « bonnes pratiques » avec, en fil d’Ariane, les questions « qu’est la psychanalyse devenue ? » mais aussi que deviendra-t-elle ?

L’analyste travaillant en institution peut s’inspirer du travail réalisé pendant les « entretiens préliminaires à l’analyse » pour redonner la parole au sujet en dispositifs à court terme, tout en respectant les conditions de la position de l’analyste établies par Freud et Lacan. Cette proposition a été mise en place par l’auteure
notamment dans un projet au sein d’un CSSS.