Après avoir évoqué l’évolution des pathologies, l’auteur rappelle que Sándor Ferenczi, dès 1928, a posé le concept d’empathie comme un outil majeur du psychanalyste. Prenant en compte les plus récents travaux à ce sujet, il montre ensuite que ce concept se laisse décomposer en trois dimensions. La première, l’empathie directe, est un mode de connaissance d’autrui qui permet de se mettre à la place de l’autre tout en restant conscient de la différence entre lui et soi. La seconde dimension est l’empathie réciproque, qui ajoute à la possibilité de se mettre à la place de l’autre le principe d’une réciprocité possible. Enfin, la troisième dimension correspond à ce qui est couramment appelé intersubjectivité, et qui consiste à reconnaître à l’autre la possibilité de nous éclairer sur des aspects de soi que l’on ignore. C’est cette dernière dimension que l’analyste doit avoir à cœur de développer. Sur ce chemin, l’auteur propose de penser la psychanalyse sur le modèle d’une relation de compagnonnage : mutuelle, réciproque et non symétrique.
L’auteure présente ici le texte remanié de la conférence qu’elle a don-née dans le cadre du Colloque organisé par la revue Filigrane, le 16 novembre 2013 : « Qu’est la psychanalyse devenue ? ». En référence à son expérience de près de 30 ans de travail comme psychologue,puis psychanalyste, œuvrant dans un hôpital psychiatrique pour enfants et adolescents, elle aborde la difficulté, partagée par bon nombre de cliniciens, de pratiquer avec une orientation psychanalytique dans une institution qui ne fait que peu ou pas de place à cette approche. Sa réflexion l’amène à entrevoir ce qui lui semble le plus important de préserver pour continuer à faire un travail psychanalytique dans les milieux institutionnels. Sa réponse à la question posée par Filigrane se décline ainsi en six points particuliers : la perspective temporelle, l’écoute de la réalité psychique, la menace faite à la langue psychanalytique, l’investissement du clinicien, la question de la résistance et de la survivance, et enfin, la transformation du pessimisme.
À partir du récit elliptique d’un parcours individuel, au plus près d’une subjectivité qui ne cesse de lui échapper et dans une position d’extériorité face aux milieux psychanalytiques, l’auteure tente d’élaborer des éléments de réponse à la question de ce qu’est la psychanalyse devenue.
Un écart s’est creusé entre la pratique pédopsychiatrique et la pratique psychanalytique depuis trente ans. Toute la psychothérapie a perdu en importance dans cette évolution qui ne concerne pas seulement les psychanalystes mais toute la société. Les changements culturels et sociaux, issus du système capitaliste marchand, apparaissent déterminants dans l’évolution des soins et le déclin de la psychanalyse.Cette dernière voudra résister aux côtés de la nature humaine qu’elle a participé à révéler et qui déborde le cadre réducteur qui lui est imposé par le postulat physicaliste.
À propos de Filigrane
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