Psychanalyse hors cadre ? première partie La voix de la relève
Volume 30
Partie 1
Ce numéro s’amorce avec les articles inspirés de l’argumentaire intitulé « Psychanalyse hors cadre ? » – à commencer par un texte réflexif de Denise Pronovost relatant sa propre rencontre avec la psychanalyse.
Tel que l’argumentaire en fait état, il apparait plus que pertinent de questionner la notion de cadre, non seulement en lien avec la popularité actuelle et imposée de la télépratique – à la suite de la pandémie de COVI-19 apparue après la rédaction de cet argumentaire – mais également en raison de la multiplication des différents dispositifs psychanalytiques qui ne sont pas sans impacter une quelconque certitude relative aux « fondamentaux » d’une approche psychanalytique. Qu’il s’agisse de la surprise relative à la rencontre « en acte » d’une dyade mère-nourrisson généreusement discutée par Pascale Gustin du point de vue de la répétition dans le transfert, ou des aléas des suivis auprès d’une population immigrante fortement précarisée, richement contextualisée par Sylvie Quesemand Zucca, la question du cadre psychanalytique se pose et ne peut faire abstraction du contexte planétaire actuel. Elle se pose tout autant lors de la rencontre « chemin faisant » d’une souffrance à fleur de peau, dont l’écoute psychanalytique autorise le déploiement, habilement relatée par Riadh Ben Rejeb. Finalement, la façon, abordée par Luc Magnenat, de comprendre les réactions singulières de patients à une réalité (environnementale, pandémique) dont nous sommes tous partie prenante, amène à se demander : quelle posture pour le psy intimement lié à la problématique révélée ?
La seconde partie du dossier est composée des textes de conférences ayant eu lieu à la Société de psychanalyse de Montréal. Élyse Michon aborde les enjeux relatifs à la téléanalyse en temps de pandémie, alors que David Benhaïm réfléchit à la large question de l’omniprésence du virtuel à notre époque.
Ce dossier thématique est suivi d’une nouvelle rubrique : La voix de la relève. Il s’agit ici d’articles dont les autrices et auteurs ont été récompensés à la suite de leur participation au concours de rédaction d’articles psychanalytiques par la relève. Cette idée de Vincent Cardinal (APPQ) a pris forme à travers une collaboration entre la revue Filigrane, l’Association des psychothérapeutes psychanalytiques du Québec, la Société psychanalytique de Montréal, la Société psychanalytique de Québec, et la Quebec English Branch de la Société canadienne de psychanalyse.
Quatre articles forts différents, mais tout aussi pertinents pour la pensée psychanalytique d’aujourd’hui, qui nous montrent que, malgré les aprioris, la relève est bien présente dans le milieu psychanalytique. Est présenté d’abord l’article ayant reçu le premier prix, ici dans sa version française; Inês Faro y questionne, à partir des écrits de Bion et de Doubrovsky, la large question de la rencontre entre le récit de soi, l’histoire personnelle, et l’expérience analytique. Puis, le second prix, ex-aequo, a été accordé à un article inspiré du film Melancholia et rédigé par Catherine Mousseu, qui nous ramène aux considérations actuelles, tributaires de la pandémie, quant à la finitude de l’humanité, le tout développé sous l’angle de la pulsion. La seconde place a été également accordé à Raphaël Bell Rouillard qui explore l’abord de la mémoire en psychanalyse et son lien avec la notion de vérité. Finalement, le thème de la symbolisation est revisité par Étienne Pelletier, sous l’angle de l’appropriation subjective.
Ce numéro s’achève avec un article de la rubrique Hétéros. Rachel Briand-Malenfant élabore sur la place de la rêverie et des repères dans la psychanalyse d’enfants; un article qui aurait pu, et pourrait de nouveau nous ramener, à la question de ce qui fait ou non cadre, en clinique psychanalytique.
Sophie Gilbert
Pour la revue Filigrane