La tendance est forte aujourd’hui, qui consiste à considérer le complexe d’Œdipe comme caractéristique des névroses, et à penser d’autres modalités de fonctionnements psychiques en termes exclusivement préœdipiens. Peut-on vraiment considérer que l’accès à l’œdipe soit réservé à certains et pas à d’autres ? Ou bien peut-on raisonnablement penser que, comme l’écrit Freud,« chaque nouvel arrivant dans le monde humain est mis en devoir » d’en venir à bout ? Dans cette perspective, ce sont les modes d’organisation et d’élaboration du complexe d’Œdipe, ses voies de résolution aussi, qui marqueront sa spécificité et ses différences : nous devrions alors admettre que les formes œdipiennes sont variables et singulières, qu’elles n’obéissent donc pas à un prototype. L’auteur propose, à partir de ce questionnement, un certain nombre de réflexions cliniques et métapsychologiques soutenant la nécessité de maintenir la référence au complexe d’Œdipe, et d’analyser ses articulations singulières avec le narcissisme et l’angoisse de perdre l’amour de la part de l’objet. Loin d’être exclusives, ces problématiques se conjuguent dans des configurations plurielles qui permettent de saisir les liens entre les différents registres de la psychosexualité.