Dans la clinique psychiatrique contemporaine, à l’ère du DSM IV et des guides de pratique, la référence à l’Œdipe et à l’étiologie psycho-sexuelle des symptômes névrotiques a été complètement abandonnée. Plusieurs courants psychanalytiques ont aussi perdu le tranchant de cette articulation centrale,essentielle à la démarcation entre névrose et psychose. À partir d’une relecture d’Œdipe à Colone, l’auteur tente ici un parallèle entre le destin malheureux des fils d’Œdipe dans la tragédie, Étéocle et Polynice, et celui de deux héritiers de Freud, Lacan et Reich, qui ont tous deux placé le sexuel au cœur de la science psychanalytique. Lacan a cerné le sexuel comme vecteur d’inscription du réel dans le processus de structuration symbolique du sujet ; il fut « excommunié »et encore maintenant sa contribution demeure largement incomprise et méconnue. Reich a prétendu que la résolution des symptômes névrotiques devait passer par le travail sur la cuirasse corporelle et même conduire à une révolution sexuelle ; il fut exclu par Freud lui-même puis est mort dans une prison américaine. N’est-il pas des plus actuels de revenir aujourd’hui sur leur contribution ?