Comment suppléer aux déchirures de la mémoire ? Comment raconter une violence extrême – physique ou psychologique – vécue dans un temps qui précède la parole, et alors qu’aucune possibilité de représentation et de récit n’existe ? Dans La petite fille et l’éléphant, j’émets l’hypothèse que la violence contre soi constitue une défense contre un état d’abandon psychique. La cure analytique pourrait être ce lieu qui permet à la fois la symbolisation de cet état d’abandon et la mise en récit de soi dans son rapport à des violences primitives. Partant de mes souvenirs et expériences cliniques, des témoignages apportés par des romanciers, philosophes et collègues psychanalystes, j’interroge ce que j’appelle « l’expérience de l’inconcevable » et propose une approche qui favorise la mise en récit de soi (qui inclut les silences de son passé) à partir du transfert.