Comment l’expérience de la psychanalyse peut-elle rendre compte de ce qui fait la relation vivante de chacun à l’étrangeté de « sa » langue, en particulier quand celle-ci porte des parts d’indicible, de douleur innommable, de catastrophe subjective irreprésentable, hors de toute mémoire et de tout souvenir ? La confiance faite à l’autre est ici décisive, et constitue tout l’enjeu de l’analyse permanente des contre-transferts mobilisés en séance. En quoi la dominance actuelle d’une langue de la technique, réduite à son savoir-faire, en vient à disqualifier la fonction identifiante de la parole, au risque d’ouvrir à cette part refoulée de la langue qu’on pourrait désigner comme « post-totalitaire » ? Il s’agira ici de repérer ce qui, dans la clinique de la séance, renvoie à un tel drame de la langue, dans la destitution transmise de son pouvoir de nomination.