À la lumière de multiples interventions réalisées à titre de pédopsychiatre d’orientation psychanalytique dans un Centre éducatif renforcé en France, cet article se propose d’analyser certains processus psychiques et identitaires en jeu chez les adolescents. Nous décrirons plus particulièrement les diverses composantes de la joute qui a souvent lieu dans le rapport entre clinicien et adolescents, en particulier lorsque ceux-ci sont issus de milieux immigrants et qu’ils ont commis déjà divers délits à caractère violent. Il semble au premier abord difficile de transposer l’expérience thérapeutique usuelle avec de tels adolescents, ce qui implique une attention particulière à leur histoire, qui comporte généralement des traumatismes relationnels précoces, notamment de négligence et de violence. On peut alors comprendre comment pour de tels jeunes l’extérieur apparaît plus protecteur que l’intérieur. En conséquence, pour faire place à la pensée chez eux, il faut savoir les sécuriser et les contenir en reconnaissant leur méfiance initiale, et surtout, à la lumière des travaux de Winnicott et de Bion, en suscitant une curiosité et une co-créativité.